Précisions sur le raid mené contre les soutiens aux prisonniers politiques
Le 23 janvier, des officiers du KGB ont mené à travers tout le Bélarus perquisitions, interrogatoires et arrestations de parents et de proches de prisonniers politiques, ainsi que d’anciens prisonniers politiques récemment libérés de prison se trouvant encore dans le pays. Selon « Nacha Niva », le raid aurait touché beaucoup plus de personnes qu’estimé auparavant. Certains ont même été arrêtés, simplement parce qu’ils avaient écrit des lettres à des prisonniers politiques. Les défenseurs des droits de l’homme connaissent déjà les noms de 229 détenus et de 24 personnes devenus suspects ou inculpés dans une affaire pénale.
Ces arrestations ont été précédées de tentatives de piratage des comptes Telegram de parents et de soutiens de prisonniers politiques. Ces tentatives de piratage se seraient produites les trois jours précédant le raid. Les personnes arrêtées le 23 janvier racontent que ce jour-là, les enquêteurs étaient déjà fatigués et évoquaient entre eux le fait de « n’avoir pas dormi depuis quatre jours ».
Le nombre de personnes devant être arrêtées en vue d’être « travaillées » a également été révélé : 700. Cependant, il n’est pas établi que ce chiffre vaille pour l’ensemble du Bélarus ou pour une seule région. D’après les informations de Volha Zazoulinskaïa, représentante du fonds « Le pays pour la vie », l’affaire aurait mobilisé 174 enquêteurs.
Il est également avéré que la plupart des personnes ont été libérées après des interrogatoires relativement courts. Le KGB s’intéressait tout d’abord aux sources par lesquelles les prisonniers politiques et leurs familles reçoivent de l’aide, ainsi qu’aux organisations de soutien aux détenus à l’intérieur du Bélarus.
Au moins un des détenus a été inculpé pour avoir reçu de l’argent sur sa carte bancaire avant de le remettre à des familles de prisonniers politiques, ainsi que pour leur avoir envoyé des colis. Il est à noter que cet argent ne provenait pas de fonds, mais d’amis et de connaissances, bien que cela n’ait rien changé. À notre connaissance, cette personne est actuellement en détention provisoire.
La plupart des personnes arrêtées lors du raid sont des femmes âgées anonymes. Elles ne sont pas des parents de prisonniers politiques ou de militants, mais aidaient simplement les prisonniers politiques comme elles le pouvaient. Par exemple, Elena Totskaïa, résidente de Homiel de 61 ans, autrefois bénévole dans le domaine judiciaire et ayant assisté à des procès politiques à Homiel, a été placée en détention provisoire.
La personne interpellée la plus âgée a 82 ans.
L’un de ses interlocuteurs a indiqué qu’il était avec une dame âgée dans les locaux du KGB, laquelle aurait envoyé cinq roubles (environ 1,5 $) à quelqu’un à quelques reprises.
Certains ont également été arrêtés pour avoir écrit des lettres. Il s’est avéré que les lettres recommandées envoyées dans les maisons d’arrêt ou les centres de détention sont suivies et que les expéditeurs sont enregistrés. Les autorités font désormais de même avec les colis. En tout cas, c’est le cas avec les prisonniers politiques célèbres. Ces listes d’expéditeurs dressées dans les maisons d’arrêt et centres de détention ont été remises au KGB.
Autre caractéristique, de nombreuses personnes arrêtées n’avaient pas reçu leur passeport. Ceci, probablement, pour qu’elles ne puissent pas quitter le pays et aient peur de parler aux défenseurs des droits de l’homme ou aux médias.