Au moins 58 Bélarussiens arrêtés à la frontière
Viasna explique pourquoi les forces de l’ordre font la chasse aux Bélarussiens qui reviennent au pays, quelles peines reçoivent les personnes arrêtées et sous quelles conditions les autorités invitent les Bélarussiens à revenir.
Selon Viasna, en 2022 et début 2023, au moins 58 personnes bélarussiennes ont été arrêtées à leur entrée au Bélarus. Parmi elles, au moins 10 ont été condamnées à des peines d’emprisonnement d’un à cinq ans, quatre ont été condamnées aux travaux forcés avec assignation à résidence et une procédure criminelle a été engagée contre sept autres. Certains ont dû purger des journées en centre de détention, tandis que d’autres ont reçu des amendes considérables. Les militants des droits humains ont connaissance de situations où les forces de l’ordre ont détruit la documentation nécessaire aux voyages internationaux et même des passeports après en avoir arrêté les détenteurs.
Le plus souvent, les arrestations ont lieu après le retour de Pologne ou de Lituanie, mais il y a également eu des cas d’arrestation après un retour d’Ukraine, de Lettonie, de Géorgie ou de Russie. La police fait descendre les ressortissants bélarussiens de leur car, les attend à la gare ou se rend à leur domicile après leur retour. Les motifs les plus répandus d’arrestation sont les commentaires sur les réseaux sociaux, la participation à des manifestations en 2020 mais aussi la publication sur les réseaux sociaux de photos avec des symboles blanc-rouge-blanc et la participation à des actions de solidarité à l’étranger.
Les autorités bélarussiennes invitent les personnes parties à l’étranger à rentrer au Bélarus. Ainsi, elles prévoient de former une commission interministérielle chargée des migrants bélarussiens, qui devra enquêter de manière approfondie sur chaque personne souhaitant revenir au Bélarus afin de ne laisser entrer aucun « extrémiste » ni « terroriste ». Fin 2021, les forces publiques ont créé le dispositif Doroga domoï (« le chemin du retour »), qui permet prétendument aux émigrés de rentrer chez eux « sans conséquences ». Cependant certaines conditions s’appliquent. Jugée aujourd’hui en vertu de 12 articles du code pénal, Tatsiana Kourylina, administratrice de forums de discussion de voisinage, avait profité de ce dispositif. Cette invitation à rentrer au Bélarus « sans conséquences » s’est en fait transformée en opération spéciale du KGB.
Les raisons du retour varient : l’un a besoin de faire faire un passeport ou un visa, l’autre vient se faire soigner ou voir sa famille, un autre encore est là pour les funérailles d’un proche. Les militants pro-droits humains de Viasna mettent en garde les Bélarussiens de l’étranger contre les risques liés à un retour au pays. La répression à grande échelle se poursuit et pour de nombreux Bélarussiens, le chemin du retour peut se transformer en un chemin droit vers la prison.